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Vis ma vie de sourde : épisode 13

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Le monde professionnel.
Celui d’avant 2005.
Quoi 2005 ? Date de la loi du 11 février 2005 qui traite entre autre le quota d’embauche de personnes handicapées. Ben oui, sinon c’est pas marrant hein.

Je vais provoquer certains je pense avec ce qui a été écrit.

Arriver dans le monde du travail au moment de la bulle internet, c’était juste chouette. Tout le monde se foutait de savoir si j’entendais ou pas. Il y avait du boulot pour tout le monde. Je pouvais changer de boulot d’une semaine à l’autre. Une bulle ça dure jamais.

Ce qui devait arriver arriva.
Essuyer de nombreux refus parce que l’on est sourd, c’est possible, ça arrive à tout le monde même en n’étant pas sourd.
Entendu via une tierce personne lors d’une prise de rendez-vous, je m’arrangeais pour faire prendre mes rendez-vous par téléphone à ce moment-là. En général, cela se passait relativement bien. Mais parfois …
Ha non c’est pas possible si elle peut pas répondre au téléphone”. WTF ? dans le monde du web ? hum.
Nous ne prenons pas de personnes handicapées” si, si, si on avait eu un magnétophone à ce moment-là, celui-ci il était grillé à la Halde. Discrimination.

Et puis, une personne handicapée c’est pas forcément diplômée hein.
On a le CAP, voire le BEP à tout casser hein … ben non.
Quand tu commences à rechercher un poste qualifié, c’est juste désespérant.
J’ai arrêté de chercher les postes “spécialisés” ou ouvert aux personnes en situation de handicap.

Une fois j’étais prête à postuler pour un poste qui me plaisait bien malgré la distance. Oui, sauf que l’employeur quand il a eu mon CV, il s’est juste dit que c’était pas possible. Que j’étais trop qualifiée et qu’en conséquence je ne pourrais pas être payée à ma juste valeur parce que je suis handicapée.

Recevoir des annonces de l’ANPE qui vous envoie des offres d’emploi pour être “traducteur LSF à La Villette”, j’en rigole aujourd’hui, moi qui ne faisais pas de langue des signes française mais du français signé.
Être sourde et faire de la traduction LSF, c’est plutôt un challenge non ?
Mais sur le coup, j’étais pas très contente. Plutôt assez énervée. La conseillère ANPE, je l’ai un peu beaucoup engueulée.

Le monde du travail, c’est pas le pays des bisounours. J’croyais. Ben non.

Négocier un salaire, c’est chaud. Demander tant, et s’entendre dire que ben non, c’est pas possible parce qu’il y a des choses qu’on fera pas comme tout le monde dans ce poste, alors c’est en moins sur le salaire.
Ahem.
Quand je pense qu’un employeur pouvait toucher une prime à l’embauche d’une personne handicapée avec de surcroît une exonération des charges sur la base du SMIC. Ils ont des aides (je ne sais pas si c’est toujours d’actualité), mais … ça ne nous profite même pas.

Depuis, j’ai arrêté de me faire valoir en tant que personne handicapée, faire miroiter ces avantages, ça ne m’a strictement servi à rien pour ma part.
Juste à nous considérer moins bien que la normalité.

Quid de l’embauche en tant que personne handicapée, faut-il se signaler en tant que personne en situation de handicap sur un CV ?

Je ne sais pas. Je fais un pas en avant, un pas en arrière. J’hésite toujours.

Une fois, on m’a fait la remarque, que c’était comme si je cachais une information qui fait partie de moi. Sur le coup, j’ai réagi violemment. ;)
J’ai trouvé ça dommage. Le handicap est-il un critère d’identité ?
Est-ce qu’on signale sa religion, sa couleur de peau, son poids, c’est d’ordre privé, non ?

Je n’ai pas de preuves comme quoi ça ne m’aide pas, ou en quoi cela m’avantage.
Je sais juste que quand je cherche un travail, je vais galérer à me réintégrer, galérer à expliquer en quoi consiste la surdité si les personnes s’y intéressent, galérer à comprendre les gens, galérer à comprendre le fonctionnement de la société dans laquelle je suis intégrée.
Parfois ça va vite, parfois c’est long, trop long.

Et quand je trouve pas ma place au bout d’un certain temps dans ma limite de ce que je peux supporter, je m’en vais à la recherche d’un travail que je pourrais aimer, juste pour pouvoir y aller avec entrain le matin, peu importe le reste.

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